Tout bon étudiant, comme son folklore, se caractérise par des habitudes de vie bien particulières, avec comme grands évènements...
La sortie solennelle du baptême des bleus s’est déroulée le jeudi 5 novembre dernier, revêtue du faste et de l’entrain habituels. Parti du Royal sur le coup de six heures, le cortège se dirigea vers l’Ecole où le Président Cassart juché sur la statue de Guibal et Devillez ranima dans nos cœurs défaillants la reconnaissance que nous devons aux fondateurs de la Faculté, et déposa une gerbe à leurs pieds. Il évoqua ensuite la mémoire des étudiants morts au champ d’honneur pendant que l’on déposait des fleurs au mémorial, puis les camarades observèrent une émouvante minute de silence au son de la Brabanconne et de la Marseillaise.
Et la musique reprit ses accents joyeux pour nous ramener sur la Grand’Place au son des airs familiers. Il commençait à faire « soif ». Aussi quelques gosiers à la pente bien marquée exprimèrent-ils leur satifaction en arrivant aux « Princes» à labor sympathique, qu’ils ne quittèrent que pour récidiver au « Central» où ils purent s’emplir à saaz … iété. Par bonheur. l’on conserva assez de sang-froid pour donner à la cérémonie qui suivit l’éclat qui lui était dû. Il ne s’agissait en effet de rien moins que de sacrer étudiant des Mines le singe de la Grand’ Garde. Etant donné l’âge vénérable du candidat, les autres bleus lui exprimèrent un profond respect par des prosternations adéquates, pendant que le camarade Cassart s’adressait en termes émus au nouvel élu pour lui dire combien nous sommes heureux de le compter parmi les nôtres, et termina en lui remettant une blouse de laboratoire à sa taille, promettant qu’à la Sainte Barbe il recevrait une penne et une salopette. Le singe qui semble un peu dur d’oreilles, prêta la plus grande attention à ces discours et répondit par un mutisme éloquent, la voix mouillée d’émotion.
Nous quittâmes notre nouveau camarade et les groupes enfilèrent la rue de la Chaussée pour se préparer à la galopade de la Grand’ Rue, au cours de laquelle le gendarme Lebain se rendit compte du danger que l’on rencontre à donner le « top » un peu trop tôt. Le cortège se reforma et l’on parti vers la grande salle du Kursaal et atteint enfin la gare qui résonna de l’aubade au chef de station chantée à gorge déployée sur les quais par les students monôme. Précisément à ce moment arrivait en gare notre sympathique professeur M. Mathieu, rentrant d’un long voyage à la colonie. Chargé de nombreux bagages et flanqué de deux solides bamboulas au teint ciragineux, il prit la tête du cortège et une petite réception se déroula en son honneur au « Métro ». Doué d’une grande éloquence, encore accrue par la connaissaace approfondie des variétés paléontologiques des zônes équatoriales, M. Mathieu voulut bien réserver aux étudiants des Mines la primeur de ses importantes découvertes. Il eut d’ailleurs la délicatesse de donner aux spécimens les plus remarquables des noms de professeurs de la Faculté, de façon à les perpétuer dans la grande famille de notre mère la Science.
A près cette causerie qui constitua le côté scientifique de la soirée eut lieu la réception des délégués venus nombreux de Bruxelles, Louvain, Liége, Gand, Lille, Verviers et Gembloux, et auxquels s’étaient joints nos camarades du commerce de Mons. Des discours vibrants furent échangés, et l’on partit joyeux pour la dernière étape du voyage, celle qui devait hisser les bleus au Paradis terrestre, en l’occurence pour la salle du « Chien Vert ».
Bleus, vous avez une mère et peut-être des sœurs. Ce ne sont probablement pas là toutes vos relations féminines. Eh bien, par respect pour ces êtres qui vous sont chers – car nous espérons bien qu’ils lisent MONS-MINES -, nous n’entrerons pas plus dans les détails de cérémonie qui suivit. Si par hasard, il était quelques détails dont vous auriez perdu le souvenir, adressez-vous aux anciens. Ils se feront un plaisir de vous rafraîchir la mémoire. Nous vous laissons donc ici à votre sort, dont des âmes charitables ayant droit à votre reconnaissance éternelle se sont heureusement chargées.
Nous nous excusons auprès des anciens d’avoir adressé ces quelques lignes aux bleu et nous terminons en évoquant simplement pour eux les noms magiques du « Celta» de la « Marée» qui seuls dominent, lumine les chants et les ris de cette nuit mémorable.
Fourez n’était pas encore là à l’époque pour nous conduire gentillement pendant tout le cortege!
Voici nos compagnons, à savoir le patron, le gentil baudet et un père fouettard (qui me rapelle de bons souvenirs aussi mais ce n’était pas les mêmes qu’en St Nic).
Notre bonne vieille cité aura connu de nombreuses histoires dans les kots…
Voici l’évolution entre 1960 et en 1987:
Si je vous propose ce nouveau sujet, c’est dans un but purement historique, et surtout pour mettre en évidence l’évolution de la « vie en Polytech » sur un peu plus de trois décennies … j’espère seulement, et sincèrement, ne pas provoquer trop de regrets nostalgiques !
En ces temps bénis en effet (je parle des années 70) et comme dans pas mal d’autres villes universitaires, le folklore estudiantin faisait partie intégrante de la vie montoise et était très bien accepté, voire même apprécié, par la grande majorité de la population. J’aurai sans doute l’occasion d’y revenir, mais retenez dès à présent que vous pouviez traverser la Ville de part en part, seul, saoûl comme un cochon et en braillant tout votre répertoire de chansons paillardes, les plus grands risques qui vous menaçaient étaient bien de trébucher sur une poubelle mal rangée, ou de glisser sur une crotte de chien oubliée ! La penne, le tablier et la chope autour du cou (oui oui, la vraie chope en verre !) attiraient de sincères et sympathiques sourires, et combien de fois n’ai-je pas lu dans des regards inconnus, une réelle connivence et une véritable envie d’en « faire partie aussi » ? Les Autorités et la maréchaussée elle-même acceptaient ce folklore, et je ne me souviens que de très rares interventions de nos policiers de l’époque … oserais-je ajouter qu’ils savaient, eux, faire la distinction entre un étudiant gentiment chahuteur et un voyou en puissance ? (Merci à la censure de ne pas me couper, cet avis est personnel et n’engage donc que ma petite personne).
« O tempora, o mores », comme disait l’autre … il y a de celà 2000 ans !
Toujours est-il que dans un tel environnement, il était tout naturel que notre bonne vieille Cité du Doudou soit parsemée de bistrots à fréquentation presqu’exclusivement estudiantine … Les Wawas avaient les leurs, les Fucam beaucoup moins (vu leur éloignement géographique), et je ne parlerai donc que des cafés à tendance franchement Polytech … je compte bien évidemment sur mes contemporains et prédécesseurs pour corriger les éventuelles erreurs et inévitables oublis.
Il m’est quasiment impossible de les classer dans un certain « ordre » (par chronologie, par importance, etc…), mais je m’efforcerai de citer à chaque fois: le nom officiel suivi du prénom du (des) patron(s), de 0 à 3 étoiles (entre parenthèses) censées représenter la fréquence des guindailles qui s’y déroulaient, la situation géographique, et divers commentaires et faits divers qui s’y sont déroulés.
Allons, courage Verjus, faut que tu te lances !
– « Chez Andréa » (**), rue de la Clef (en face du Marché aux Herbes), fermé en 74 ou 75; patronne assez pulpeuse qui devait avoir pas mal de « kilomètres au compteur » … oufti !
– « L’Archiduc » ou « Chez Yerno » (orthographe non-garantie), (***), à une trentaine de mètres à main gauche quand vous prenez la rue de Nimy en venant de la Grand-Place. Très nombreuses guindailles et point de chute naturel de tous ceux qui rentraient à la Cité le dimanche soir …
– « Le Beaulieu », dont je ne me souviens que du dernier patron Robert Vasseur (dit Vibro, parce que « ma soeur »), (***), sur la Grand Place et à votre droite quand vous faites face au Théâtre, doit s’appeler « le Central » actuellement. Eut l’honneur d’avoir ses toilettes obturées par ma penne, que j’avais naïvement échangée avec celle de « Manu », un IRAM (ISIC) indigne de ma confiance à l’époque de la « Polyram ». Rien à voir avec Manu Janssen, je précise !
– « L’Oeil de Boeuf » ou « Chez Denise », (*), à droite de l’entrée des anciens abattoirs. Repaire des Borains et des Centraux qui ne kottaient pas à la Cité, ainsi bien sûr que des chevilleurs de l’abattoir. Style très rustique, patronne assez agée et particulièrement sympa, doit avoir fermé en 80 ?
– « The two Lions » ou « Chez Sammy », (***), à main gauche dans la rue Léopold 1er en venant de la gare, presqu’en face du monument avec un globe terrestre dont je ne connais plus le nom. Théâtre de la toute première interprétation de Chant de la Fac, le jour même où il fut écrit (octobre 75).
– « Chez Bobonne », (), à main gauche quand vous pénétrez sur la Grand-Place en venant de la rue de la Chaussée. Mêmes remarques que pour l’Oeil de Boeuf, les chevilleurs en moins …
– « Le Pilote » (Chez Albert, puis chez Willy), (*), juste au coin en face de la Cité quand vous allez à Houdain. On y servait de la « Supra », tous les autres étant « Jupiler » ! Jouissait évidemment de l’effet de proximité, mais n’a existé que 4 ou 5 ans …
– « Le Pylône » ou « Chez Alain (et Christiane) », (**), ouvert en 76 ou 77, existe toujours au coin de la rue des Arquebusiers et de l’avenue Frère Orban, et possède d’ailleurs toujours le même mobilier !!! Christiane y faisant la petite restauration, j’y ai donc passé des journées entières à taper la carte au son inoubliable de Pink Floyd. A carrément changé de style avec le départ d’Alain en 1979 …
– « Le Café des Boulevards » ou « Chez Nado », (*), au coin juste en face de la banque quand vous allez de la Cité aux labos du Dolez (actuellement le siège d’une compagnie d’assurances, je pense?). Très fréquenté sur le coup de 15h quand on avait labo, ou quand vous aviez envie d’une partie de billard « à bouchons ». Un hangar à l’arrière nous accueillait après le Baptême, et servait d’ailleurs à la préparation de la « potion magique » que vous connaissez bien! La vanne d’une cuve à mazout y fut arrachée à la fin d’un souper Carolo … bonjour les dégâts !
Voilà, je pense avoir fait le tour … J’ajouterai simplement que les 4 premiers estaminets de la liste constituaient les étapes du célèbre « Rallye Cafés » de ma bleusaille, mais il s’agit d’un autre débat … !
Allez, à plusss !
Votre dévoué,